Le dialogue entre le beau et la bête (30/40 Livingstone en Louvain-la-Neuve)

Le dialogue entre le beau et la bête (30/40 Livingstone en Louvain-la-Neuve)

Scènes

Scènes Avec «30/40 Livingstone», Sergi Lopez et Jorge Pico proposent une pièce déjantée.
A 51 ans, Sergi Lopez est loin d’être un inconnu. L’acteur catalan a une impressionnante filmographie à son actif. Ses débuts devant la caméra, le latin lover les a faits en 1992 dans «La petite amie d’Antonio» de Manuel Poirier avec qui il tournera plusieurs films dont «Western» (1997) avec à la clé une nomination pour le César du meilleur espoir. La consécration viendra quatre ans plus tard avec un César de meilleur acteur cette fois pour son rôle plus qu’inquiétant dans «Harry, un ami qui vous veut du bien».

Depuis quelques années, Sergi Lopez a renoué avec ses premières amours : le théâtre. Les planches, il aime ça. Surtout pour le contact avec le public et la réaction immédiate de celui-ci. Entre le cinéma et la scène, il lui est impossible de choisir, il a besoin des deux. Son métier de comédien, il a d’ailleurs commencé par l’apprendre au Teatr del Tret de Barcelone avant de s’initier à l’acrobatie à El Timbal, une autre école de la cité catalane, puis de suivre les cours de l’Ecole internationale de Théâtre de Jacques Lecoq, à Paris. C’est là qu’il a fait la connaissance de Jorge Pico. En 2005, ce dernier met en scène «Non Solum», un monologue d’humour – un des plus grands succès du théâtre catalan – interprété par son ami Sergi Lopez. Quatre ans plus tard, les deux comparses récidivent avec «30/40 Livingstone», une pièce créée lors du festival espagnol Temporada Alta et qui depuis ne cesse de tourner dans le monde. Elle affiche déjà plus de 80 représentations en Espagne, mais aussi en Suisse, en France (dans le cadre du Off à Avignon), en Amérique latine et désormais en Belgique.

Confession

Entre Jorge Pico et Sergi Lopez, la collaboration dépasse manifestement le travail. Il y a une vraie connivence, de l’osmose entre ces deux-là. Cette pièce, ils l’ont écrite et mise en scène ensemble. Ils l’interprètent aussi à deux, chacun dans un registre bien distinct. Lopez se glisse dans la peau d’un explorateur expressif et bavard parti à la recherche d’une mystérieuse créature. Pico incarne tout l’inverse. «En face du premier personnage, indique Sergi Lopez, on a très vite vu qu’il était bien d’avoir quelqu’un qui ne dit rien du tout. C’est ainsi qu’on a trouvé un personnage qui porte des sortes de bois (de cerf) sur la tête. Tout au long de la pièce, on se demande si c’est un homme, un cerf, un Dieu ou un fantôme […] Tout cela paraît très intellectuel, mais l’humour nous transporte et sur scène, c’est plein de légèreté.»
L’intrigue de la pièce pose cette question : qui sommes-nous réellement ? «Cette envie de partir et de retrouver son soi authentique, sa liberté, c’est une quête qu’on a tous en nous. Et lorsqu’on y arrive, on se rend compte à quel point c’est dur de mettre en œuvre ses rêves, à quel point on est piégé par l’idée de notre perte.» Et Sergi Lopez de nous glisser cette confession qui explique bien des comportements : «ne dites rien à personne, mais l’homme est un animal», sauvage, furieux, parvenant parfois à être plus animal que son acolyte.

Performance physique

Vous l’aurez compris, c’est à un «dialogue» entre l’homme et la bête que nous convient les deux protagonistes de la pièce. Un dialogue qui est tout sauf statique car «30/40 Livingstone» est aussi une performance physique. «Avec Jorge, on s’est connu dans une école où le mouvement et le théâtre sont synonymes. Pour nous l’espace et le plateau sont des lieux qu’il faut remplir pour dégager une puissance poétique. Parler et bouger sont deux formes complémentaires de dialogue» conclut Sergi Lopez.CVD et B.Bn (St.)

Au théâtre Jean Vilar, à Louvain-la-Neuve, jusqu’au 6 février. Res. : 0800.25.325 ou www.atjv.be

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