Aller voir 30/40 Livingstone, c’est entrer dans un univers peu commun, dont l’atmosphère onirique est renforcée par le cadre majestueux du théâtre des Bernardines.
Les comédiens Sergi López et Jorge Picó ont présenté, cinq soirs durant, au théâtre des Bernardines, à Marseille, leur pièce 30/40 Livingstone, où un homme en quête d’absolu loupe en beauté le coche de sa résurrection Aller voir 30/40 Livingstone, c’est entrer dans un univers peu commun, dont l’atmosphère onirique est renforcée par le cadre majestueux du théâtre des Bernardines. Cette chapelle cistercienne reconvertie en théâtre, où des colonnes romaines et des plafonds vertigineux nous rendent tout petits, engoncés dans nos fauteuils rouges, comme intimidés, sans vraiment savoir ce qui nous attend. Et pour cause… Sur la scène, au décor minimaliste, apparait le premier comédien Jorge Picó, mué en cerf vêtu d’un costume blanc, casque en cuir style aviateur sur la tête, sur lequel sont juchés deux bois. Le regard impassible d’un Buster Keaton. Aussi voluptueux qu’intriguant, il traverse la scène dans des envolées dignes d’une nuée de moineaux. Sergi López apparait à son tour, lui aussi en blanc, et entame un monologue hilarant de près d’une heure et demi avec son chaleureux accent espagnol.
Commence une fable torturée et drôlatique, un brin anthropologique mais surtout humaniste. L’histoire d’un homme embourbé dans son quotidien. Un «quinqua» qui a pris de l’embonpoint, qui rêve d’ailleurs, de quête absolue et qui après avoir fait part de ses envies d’aventure à son père (amateur de matchs de tennis à la télé), part à la recherche de sa liberté. Le cerf, animal libre est aussi amateur de tennis! Eh oui, c’est possible. Mis à part quelques brames, il restera silencieux tout au long de la pièce mais sa gestuelle en dit long. La rencontre entre ces deux personnalités est détonante. Ils se flairent, se regardent, se touchent. L’un tente d’amadouer l’autre, l’autre veut se frotter à son genou. Immanquablement, le premier va chercher à avoir de l’ascendant sur le second.
Et l’on se dit, mais comment ces deux comédiens ont-ils pu créer une pièce aussi loufoque et irréelle: «C’est vrai que c’est une pièce très drôle et surréaliste qui est plus facile à voir qu’à expliquer, a admis Sergi López au micro de radio Maritima. C‘est un voyage onirique qui aborde différents thèmes. Souvent, les gens après le spectacle nous disent qu’ils l’on trouvée originale et qu’ils ne savent pas à quoi la comparer.» Pour s’en donner une idée, sachez que les deux comédiens et amis seront au théâtre de Grasse le 11 mai et que ça vaut le déplacement!